Joanna Lorho

Ralentir

Mai 2019

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"C’est la maman de Soren ! Bonjour maman de Soren"​
Alors que je marche vers la classe de mon fils, ​un écho se répercute sur ​des petites bouilles inconnues.​.. ​​Si moi je ne connais pas le nom des enfants de sa classe, chaque ​adulte ici, malgré le brouhaha apparent​,​ est attentivement relié à un enfant de la cour.
Il y a une semaine, j’ai accepté de venir parler de mon métier à une classe de 3ème maternelle.
Oups me suis-je dit après coup,​ mais... quel métier au fait ?​
La tête dans des cartons je me suis dit ensuite que ​bon, faute de pouvoir montrer mes livres, j’allais montrer ceux des autres, après tout, on est là pour s’amuser. Tiens en parlant de livre qui n’existe pas, je ferais bien de prendre des dessins un peu colorés...mmmh... mais j’en ai en plus !

Je vais faire simple : je vais expliquer que je dessine, et que pour gagner ma vie, je suis prof dans une ​é​cole supérieure d’Art pour les jeunes adultes qui voudraient aussi dessiner. (cf joannalorho.tumblr.com), (cf Erg)

Retour dans la classe donc, et surprise !
Alors que je raconte l’histoire de Marzena​ Sowa - la scénariste d’un de mes livres qui n’existe pas -​, ​je montre quelques dessins, une série de hiboux, ​des forêts, des gribouillis, des trucs relativement aboutis, ​je vois cette brochette d’enfants aux mines excitées, qui se pressent pour me désigner leurs hiboux préférés, ​survoltés par​ le moindre croquis d’écureuil ou de hérisson. ​​

Merde me suis-je dit, ces dessins sont dans des cartons depuis 4 ans...​
Qu’est-ce que je fous ?

​Histoire de les voir encore rigoler un peu, j’envoie un film tiré d’un workshop d’animation mené avec des gosses​. Mauvais fichier, gnnn c’est quoi ça ? Han, un film dont j’avais complètement oublié l’existence...
​Grosse rigolade.​
Je tente même de montrer un truc animé "aussi pour les grands, c’est moins rigolo...", regards en coin, non, ils suivent.... "oooh c’est beau madame".
(cf Loon-plage et cie...)

​"​Impressionnant​"​ dit la maîtresse, ​"vous-même !" j’avais envie de dire à ​celle​ ​qui emmène en classe verte 30 gamins qui pissent encore dans leur culotte.​
Puis ​l​a maîtresse aux enfants : "Vous avez vu il y a des métiers supers dans lesquels on fait ce qu’on aime​,​ toute la journée​ !​"
Voui​​, ​ouhla, est-ce que je rectifie ? Mmh non pas le temps tanpis.
C’est vrai que ​j’ai tout fait pour les laisser avec cette impression là​, ok.

​Et puis c’est vrai que j’ai de la chance.​

Bon sur le retour, j’ai envie d’appeler Marzena et de lui promettre monts et merveilles, mais avant je réfléchis quand même au programme...
Bon, et alors qu’est-ce que je fous ?!
Oui, et surtout, Qu’est-ce que j’ai foutu depuis 4 ans ?

Et bien, pas RIEN en tout cas.

J’avais dit que j’y reviendrai.

Voilà, j’y reviens :

Le dernier signe d’activité sur le site, c’est la sortie d’un disque, il y a deux ans plus ou moins, printemps 2017, ça a l’air de rien, c’était plutôt confidentiel, mais ça m’a pris une énergie dingue, d’ici j’avoue, je ne me rappelle plus très bien pourquoi... En tout cas j’ai un peu dérouillé.
Et ensuite, ça ne s’est pas du tout calmé, parce qu’en même temps, on signait pour une maison construite en 1901, rénovée dans les années 80 et laissée à l’abandon depuis 2 ans je crois. Du coup, le temps de terminer l’année à l’école (cf le vrai taf), et nous voilà perchés sur des échafaudages à détapisser. Et ça c’était juste le début... C’est comme... les enfants par exemple, heureusement qu’on te raconte pas à l’avance comment ça va se passer parce que tu dis non c’est sûr. Et ce serait dommage. Ou pas. Donc on ne sait pas, on est pris dedans, et puis on encaisse. On porte, on compte, on fait des plans, on bosse, le jour, le soir, le weekend, en gérant des petits qui pissent encore dans leurs couches.
C’est aussi pile poil l’année où je passe de 4h à 12h de cours à l’école. Ahah. Et comme je suis ultra motivée, je construis des cours, des nouveaux intitulés tout ça. (cf le site su cours)
Quand je peux, il y a la radio, le truc de trop que j’aime trop.
Et puis quand même quelques concerts... (cf Payne )
Ah oui, j’oublie l’académie en piano classique, à bosser du Rachmaninov et du Poulenc. Tendinites VS Rachmaninov VS finir les travaux : j’ai un peu pleuré j’avoue.

Je mène quand même tout ce bordel jusqu’à la fin de l’année suivante, avec l’école, les jurys tout ça, bam.
Les travaux, ça dure, normal, bouffer de la poussière, croiser des ouvriers dans tes chiottes, payer des factures avec des sous que t’as pas...
Mais ça se termine. Et on est content de vivre enfin dans cette maison qu’on aime. Mais ça ne nous laisse pas super frais, de mon côté, j’ai le dos déglingué, les poignets en vrac et un mal à la tête en continu.

MAIS je me dis, voilà tu va enfin avoir du temps devant toi là , cooool !
Rentrée 2018, , nouvelle année, nouvelle vie, ouyeah !

À l’école je me retrouve avec plein d’étudiants, je suis flattée de les voir tous là, mais ça fait beaucoup.
Beaucoup oui. Mais ça ou autre chose, le problème, c’est que tout fait beaucoup quand on n’est pas reposé. En fait.
Je ne parle pas de se reposer de quelques semaines un peu speed, je parle d’une longue fatigue de compet’ doublée d’une bonne grosse fatigue morale.
Je pensais que ça allait passer, parce que je trouvais que ça allait plutôt bien : s’installer dans une maison que t’as retapé, avec ta petite famille, avoir un job qui te plaît, bosser des trucs qui te bottent - mmff quand tu peux -, avoir des vrai.e.s ami.e.s.... y’a plus frustrant comme vie.

Bref au fond, je sais pas tout à fait pourquoi, enfin si. À ce moment de ma vie où pour la première fois les choses apparaissent "à l’équilibre", voire idéales à peu de choses près. Où sous un soleil doux dans un petit jardin avec un café soudain je me dis "putain j’ai de la chance".
Je sais pas j’ai baissé la garde ? Parce qu’un peu soudainement aussi, tout s’est un peu effondré. Peut-être un espace enfin pour que"ça" soit là. Bref.
Il est venu un moment où c’était plus possible. Quoi ? Bah plus rien : Plus rien n’était possible. J’ai pleuré en continu, partout.
Trop démontée, trop vulnérable. Et aussi, trop en colère, trop fatiguée, et affaiblie, super angoissée, et je sais pas quoi encore. Mais tout en même temps. Et puis un contexte général parfois tellement anxiogène il faut le dire.

D’abord j’ai voulu un masque. Pour pouvoir continuer incognito. Et puis après j’ai voulu une retraite, longue. Seule. Arrêter le temps, ne plus voir personne, et tenter de ramasser tout ce qui venait de péter. Essayer de faire le point. Refaire le puzzle.
Du silence, à l’intérieur, autour. Plus de gens, plus d’enfants, plus d’agenda, plus de mail, ne plus exister, ou si, juste pour moi.

Bon, faute de prendre la retraite de mes rêves, j’ai pu m’arrêter. J’ai plus rien foutu, pas longtemps, 2-3 semaines. Non c’est pas vrai, j’ai lu, j’ai rangé, et j’ai dessiné. Et joué du piano. Mais au ralenti.
Je crois que j’ai une bonne capacité de résilience, mais là je me trompe peut-être encore.

Voilà. Donc j’ai failli tout jeter, j’ai tout gardé.
Tout ça pour ça ? Eh bah oui.

J’ai juste encore ralenti.

She’s not dead

Janvier 2019

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Dans la collection #reprises, #chanson, #absence, #deuil. Adrian Belew She’s not dead.

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Payne@l’An Vert - Vendredi 23 novembre

Novembre 2018

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"Au fait, Payne, c’est l’artiste multifonctionnelle Joanna Lorho (piano / voix), soutenue principalement par le violoncelle omniprésent de Corentin Dellicour.
J’ai donc écouté les sept chansons de « Someone Is Missing » (un titre on ne peut mieux choisi !).
Sept petites perles d’une beauté crépusculaire, enfilées sur une petite demi-heure de temps.
Sept moments intimes et mélanchodieux qui nous rappellent un peu les disques que le label 4AD publiait dans les eighties, ou les albums que cette chère Anohni « Antony » Hegarty « Johnsons » nous offre trop rarement."

De quoi nous faire plaisir dans les mots de de Joseph YT Boulier qui nous a invité à jouer vendredi prochain à l’An Vert à Liège, et on se réjouit de pouvoir jouer sur une cette scène.

Les info pratiques c’est ici : L’An Vert.be

Allez pour fêter ça je balance un gif.

Un extrait du clip. Brut. J’allais écrire clip "à venir" mais c’est déconné j’écris ça depuis 2 ans. Cela dit, pour ceux qui suivent, deux ans, c’est un délai normal pour quelques minutes d’anim ici.
Oui et puis on dirait pas, mais je fais des trucs à part ça. J’y reviendrai.

Et puis on balance aussi notre musique sur le net. Là un clip si on peut appeler ça comme ça.

The Nest@Atelier 210 - mercredi 10 janvier

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Nous serons en duo avec Payne, dans "le nid" mercredi soir. C’est comme un concert d’appartement mais dans un festival et ça nous va très bien.

https://www.atelier210.be/agenda/2018-01-10/
https://www.facebook.com/events/149290205710210/

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Le chantier

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Le premier janvier je me suis levée après 4h de sommeil et ça tanguait pas mal, il y avait des enfants autour de moi qui pétaient la forme. Quand ils sont venus me dire qu’ils avaient faim le temps c’était pas mal contracté dans mon esprit brumeux parce que ça faisait pas loin de 2h qu’on était tous debout. J’ai essayé de faire des pancakes mais il a fallu s’y reprendre quelque fois.
Le lendemain je passais 11h sur un chantier de ce qui devrait finir par être notre maison. J’ai pris quelques minutes pour rêver dans cette pièce où j’ai prévu de rassembler mon bureau, le piano, les machines, les bouquins, mes cours et quelques plantes vertes.

Est-ce que rassembler mes activités dans un même endroit, va m’aider à me rassembler moi ?

J’ai toujours trop de boulot, et tout se bouscule tout le temps pour produire des choses difficilement observables. Je me dis que ces derniers mois, mon fils de 4 ans a certainement plus dessiné que moi. Je pense à mes films pas ou peu diffusés, en chantier, au retard que j’accumule, à mon disque dans des caisses, à mes projets avortés ou qui croupissent en attendant je ne sais quel jour meilleur. Au fait qu’on me sollicite rarement. J’essaie de lutter contre l’idée que je commence à être trop vieille pour vraiment penser pouvoir encore produire quelque chose qui dépassera le stade de la confidentialité, et si c’est pas l’âge, ce sera ma propension à mener trop de choses à la fois.
Comme si j’étais plusieurs, dédoublées et fantomatiques, désassemblées, éparpillées, qu’il faudrait remettre sur la même longueur d’onde, ré-harmoniser.
Ca me rend triste parfois.

Mais c’est largement compensé par le fait que chaque jour je fais une série de choses qui me procurent du plaisir, jouer, chanter, écrire, animer, dessiner, lire, parler, ou même décaper, construire. J’enseigne et c’est un boulot que j’adore, même si une fois de plus, je n’y fais pas la moitié de ce que je voudrais. J’ai des enfants qui me font marrer, une famille et des amis.
C’est largement compensé par le fait que j’ai un sentiment assez doux qui m’avait quitté depuis un moment, une fréquence basse qui me rend plus tranquille, qui me stabilise. Je suis plutôt heureuse ces temps-ci.
Chaque jour je me dis que j’ai de la chance.

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Je ne la fatigue pas...

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"...Je lui accorde des jachères calmes, où elle peut se refaire des herbes sauvages et des fleurs pendant toute une saison. Ainsi, sous cette parure souvent épineuse, elle recompose en silence ses couches d’humus nourricier et ses veines d’eau." Bosco, Le Mas Théotime

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PAYNE@Théâtre de la Vie

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Ce vendredi 23 juin à 20h, dernier concert de PAYNE avant l’été, en trio avec Corentin Dellicour et Isabelle Sainte-Rose !

INFO PRATIQUES : Théâtre de la Vie - Bruxelles