Joanna Lorho

PFC#7

Février 2020

Poster un commentaire

Le 22 janvier dernier je partais pour Dignac, un coin un peu reculé près d’Angoulême pour une semaine de dessin et de bande dessinée collective sous contraintes. La résidence "Pierre feuille ciseaux" organisée par l’association Chifoumi, et qui a régulièrement lieu depuis une dizaine d’année, accueille chaque fois une douzaine d’auteurs et d’autrices, d’un peu partout dans le monde, et plus ou moins confirmé.e.s.
Après l’invitation officielle que j’ai relu 2000 fois pour être sûre, mon premier rêve tordu a été d’arriver dans un grenier un peu miteux, au milieu d’auteur.rice.s inconnu.e.s au bataillon, apparemment fans d’"heroic fantasy" et autres bd de genre, et d’apprendre qu’en fait je ne devais pas m’inquiéter, ni me demander ce que je foutais là, parce que j’avais été invitée pour faire la vaisselle. Ce qui m’allait tout à fait.

Mais, en vrai, j’étais vraiment invitée pour dessiner, et la découverte des autres invité.e.s a été une bonne grosse claque, avec des pratiques qui font rêver...
La rencontre a été d’une fluidité inattendue. J’aurai pu passer la semaine à me demander ce que je foutais là, et me sentir complètement démunie (ok c’est arrivé mais pas trop longtemps), mais non. Simplement apprécier d’être là, bien entourée, avec du temps devant soi pour dessiner, ce serait du luxe de gâcher ça. J’ai donc dessiné toute la semaine, dans un environnement bienveillant où au fond, personne n’étant sûr de rien produisait dans la bonne humeur. Ca fait du bien, autant d’humilité au mètre carré.
On a aussi beaucoup rit, ce qui n’est pas du luxe non plus.
On a ensuite enchaîné sur le FIBD - changement d’ambiance - durant lequel nos productions étaient exposées, essentiellement du fanzine, plein, un minuscule film, et un bel ouvrage collectif en sérigraphie (mené par Renaud Thomas de chez Arbitraire).
L’occasion de voir quelques têtes amies, de filer un coup de main à l’employé du Moi et de faire un minuscule concert.
On a vu pire comme mois de janvier.
Encore une fois, gros merci à l’équipe de Chifoumi.

(photos : Aisha Franz, Violaine Leroy et Juliette Mancini)

I shine in the dark

Janvier 2020

Poster un commentaire

Eh ben voilà, en mars j’aurai 37 ans, c’est facile, ça fera 30 ans que je joue sur un piano. J’en ai eu 2. J’ai aimé le premier, un peu moins le deuxième.
J’ai fait un premier concert à 30 ans.
D’ailleurs, c’est bizarre, c’est toujours dans un cadre qui n’a rien à voir qu’émergent des projets dans lesquels je me décide à sauter le pas.
Et puis en enregistrant un premier disque, j’ai entendu comme une sorte de bûcheron qui tapait sur un clavier, du coup j’ai repris des cours, et j’ai bien fait, c’est génial.
Mais par contre, c’est pas facile quand tu as le nez dans du Poulenc ou du Debussy d’aller faire tes petits trucs à toi juste derrière.
Donc pour le moment, je laisse tout ça "un peu" en chantier.

Par contre, depuis plusieurs années, je prends de notes à propos de morceaux qui me plaisent. Tellement que je voudrais les empoigner, les refaire, les reprendre, les malaxer.
Je ne sais pas s’il existe de bons morceaux sur des histoires d’amour heureuses, mais sur les histoires qui foirent il y en a un paquet. Et sur la disparition aussi. Dont certaines résonnent tellement particulièrement. Et puis ça m’emmène ailleurs, je dois quitter mon gros piano bien solide.
On pourrait se demander si c’est bien malin de reprendre quelque chose qui est déjà tellement parfait. Bon. On va dire que pour quelqu’un qui reprend les partitions des autres depuis déjà tellement de temps, on va dire qu’on n’est plus à ça prêt.

Donc dans quelques jours je jouerai un petit set de chansons d’amour fâchées. Des reprises donc. Je mets tout ça dans un dossier que j’appelle depuis longtemps "I shine in the dark", je pense que je vais valider.
Ca ne sera à mon avis jamais correctement enregistré, ça sera juste simplement ma récrée : un clavier en plastique qui fait une octave et demie, une bonne vieille RC 30 et un ordi.
Premier essai samedi soir à 18h30 espace Franquin à Angoulême.

TEST_1

Disclamer

PANORAMA

Janvier 2020

Poster un commentaire

- Payne ne fait plus de concert pour le moment, j’ai cessé la diffusion des disques en France ... parce qu’on n’y a jamais mis les pieds pour jouer ... J’ai cessé la diffusion en Belgique parce qu’ils considéraient le disque... comme un import ... Donc c’est chez moi, et si quelqu’un en désire un, je me ferai un plaisir de faire un envoi.

- Kijé est enfin visible sur vimeo, il ne reste plus que quelques exemplaires de la publication soit sur le stand de la 5C quand vous les croisez, soit... chez moi, à côté des disques. :)

- Un film arrivera en ce début d’année, promis juré, je le termine.

- Une bd va même finir par pointer son nez, mais ça ne sera pas pour 2020 je pense. En attendant, je raconte des mini histoires en bd dans une série de fanzines.
Il existe pour le moment deux numéros d’une 20aine de pages, ça s’appelle "N’en parlons pas", mais j’en parle un peu quand même voilà.

- Je continue la musique, soit pour faire du classique, soit pour faire des conneries. Ce devrait nourrir l’envie de continuer/recommencer un truc à un moment avec mon ami Corentin par exemple. En attendant je m’amuse toujours autant. Ici, un kit en préparation pour une prochaine petite intervention, avec des reprises de chansons fâchées. Plus d’info à venir...

N’en parlons pas

Janvier 2020

Poster un commentaire

Je cherche... En attendant, ça produit des récits qui mettent en scène des adultes, des thérapeutes, et pour l’instant une petit fille.
J’en fait des fanzines d’une 20aine de page, noir et blanc, imprimés dans les fantastiques ateliers du TONER à Bruxelles, max. 50 ex. 5€ (+frais de port)

Pour les trouver il faut me contacter (joannalorho-at-gmail-dot-com) ou me croiser.

L’année sans Kijé ?

Janvier 2020

Poster un commentaire

Il y a 6 ans je terminais Kijé, je n’ai pas validé ce texte sur le moment.
Aujourd’hui, on pense enfin à balancer "Kijé" en ligne. Il était temps !

Récapitulons.
(janvier 2013)

J’ai fait mon premier concert, j’ai arrêté de prendre un contraceptif, j’ai découvert une partie du Liban et puis une partie du Québec, j’ai dit oui pour un projet de collectif en bande dessinée, j’ai planché sur un scénario pour un autre projet de bande dessinée, j’ai fait un planning digne de ce nom pour terminer "Kijé" en 2013, j’ai composé de nouvelles choses pour d’autres personne et ça m’a bien plu, j’ai passé quelques heures à enseigner dans une école supérieure d’art, j’ai raconté des conneries à la radio, j’ai moins pleuré je trouve, j’ai envoyé chier mon psy quand il m’a proposé de prendre des anti-dépresseurs et je trouve que j’ai eu raison, je suis tombée enceinte, j’ai passé l’examen médical le plus stressant de ma vie. J’ai ressorti des partitions de Poulenc et de Prokofiev que j’ai abandonné il y a dix ans, en me disant que j’allais enfin les reprendre, mais je n’ose pas à cause des voisins, je ne suis toujours pas retournée écouter un orchestre symphonique, je n’ai toujours pas repris "histoire de la musique occidentale", ni tout les autres livres théoriques que j’ai rassemblé près de mon bureau, je continue de collecter des films sans toujours les regarder, je continue de me demander si j’ai vraiment envie de vivre à Bruxelles. J’ai trois cheveux blancs. J’ai eu trente ans, et avec : Live, un clavier maître et une carte son. Même si ce ne sont pas les idées qui manquent, je n’ai pas encore commencé à bosser avec. Je n’ai toujours pas fait de démo, mais j’aimerai bien refaire quelques concerts. Je prend des notes pour un nouveau projet dont j’ai surtout ... le titre.
J’ai terminé le plus gros de mon film, enfin, ça se sont les producteurs qui le disent parce que j’ai encore de gros doutes. J’ai rendu une 40aine de planches de bande dessinée, par contre. J’ai mis sur papier un projet pédagogique et j’ai eu l’occasion de le défendre deux semaines avant d’accoucher, mais ça n’a rien donné.
Et puis on est passé de deux à trois en quelques minutes sur un canapé.
J’ai découvert que je savais crier, j’ai constaté que mon cerveau était soudainement programmé pour piger du Marie Thirion, mais pas du Roland Barthes, je me suis dit "J’espère que ça va passer", j’ai arrêté d’écouter des disques, je me suis dit "J’espère que ça reviendra". J’ai passé trois mois sans toucher à aucun projet à me demander ce que j’étais capable de faire finalement de ma vie.
Vers la fin je me suis demandée si j’avais même ne serait-ce qu’envie de redémarrer quoique ce soit.

J’ai vu la fin du congé maternité arriver, j’ai envoyé des mails pour dire que je voulais faire ce boulot d’illustration dont on parlait l’hiver dernier, et que je voulais bien retenter un concert avant d’oublier les paroles, j’ai troqué mon agenda papier contre un agenda en ligne, j’ai adoré remonter sur mon vélo, j’ai constaté en revenant à l’atelier que cet endroit m’avait manqué. J’ai repris Kijé, mais avant ça j’ai dit oui pour faire un clip en animation. Comme ça n’était encore pas assez chaud, j’ai dit oui pour dessiner le disque aussi. J’ai arrêté de faire des plannings et je crois que ça n’a rien changé à mon efficacité. J’ai travaillé avec méthode et j’ai même fait un story-board que j’ai respecté. J’ai enfin commencé à jouer sur mon piano en plastique, j’ai répété pour jouer dans des petits endroits remplis de gens attentifs, j’ai expédié un concert devant des gens qui avaient l’air de s’ennuyer, pour apprendre qu’en fait ils avaient aimé.
J’ai remanié pour la enième fois Kijé pour tenter d’en faire quelque chose d’acceptable, j’arrive à admettre qu’il sera très très imparfait, mais ça ne m’empêche pas d’être complètement abattue quand le visionne dans son ensemble. J’ai découvert que maintenant quand j’en ai plein le dos, c’est pas juste une image. J’ai perdu beaucoup de cheveux et je pleure pas mal, mais plus pour les mêmes raisons. Je ris plusieurs minutes par jour avec un humain de 80 cm. 50% de mes discussions comporte le prénom de mon fils, ou le mot enfant, ou bébé... Ca me gêne mais je n’arrive pas à me contrôler. J’ai pris des cuites que je n’ai pas vu venir, normal je bois comme une débutante. Je ne vais plus au cinéma et pour ça, j’envie mes amis sans enfants.
J’ai détesté être à la fois invitée et chroniqueuse mais j’aime bien quand même quand je me rend compte qu’on comprend mon histoire. J’ai fait rire ma mère en redessinant la cuisine de mon enfance. J’ai aimé dédicacer des livres alors que j’ai toujours dit que j’étais contre. J’ai cru mourir de froid cet hiver alors que tout le monde s’accorde pour dire qu’il était plutôt doux. La déprime s’est repointée comme une vieille copine, et je me suis dit "merde, après tout ça, je repars à zéro ?". Je ne sais toujours pas si ma thyroïde part en sucette.
J’ai toujours été contre mais des fois j’aimerai bien la télé là, maintenant tout de suite. Je voudrais bien un jardin aussi, et une maison pour faire de la musique tranquille. Faute de bosser sérieusement Poulenc ou Prokofiev, je relis Satie en me disant "merde même ça je le joue mal". Sinon on a dit qu’on aimerait bien refaire un truc ensemble, ça ne se fait pas, mais vraiment j’aimerai bien. Je n’ai plus rien composé de neuf depuis plus d’un an, et du coup je me demande si c’est déjà fini ? Je pèse moins lourd que dans mes années lycées, mais j’ai une peau toujours aussi ingrate. J’ai réussi à lire quelques livres et j’ai adoré, mais "la dramaturgie" traîne toujours à côté de mon lit. Je continue de me réveiller le matin en me disant "t’as encore trop parlé".
J’ai toujours le statut d’artiste.
J’ai fait 8 minutes d’animation en 5 ans1/2. J’ai fait 4 minutes d’animation en deux mois.
Je commence à connaître le sentiment maintenant, mais quand je termine un truc c’est un peu la fin du monde, et c’est un sentiment tellement désagréable que je me demande si ça vaut vraiment la peine de s’imposer ça.

J’avais la tête dans guidon et je n’ai pas vu arriver la fin de Kijé. Mais c’est terminé.

Kijé from Atelier Zorobabel on Vimeo.

Médor no. 16 - Automne 2019

Octobre 2019

Poster un commentaire

Une série d’illustrations pour Médor, autour de a petite ville de Ninove et sa propension à voter pour l’extrême-droite...
À lire dans le Médor no.16 - Automne 2019

Crèche 4 étoiles

Mai 2019

Poster un commentaire

Deuxième collaboration avec la journaliste Nathalie Caprioli après la visite d’une crèche bruxelloise pensée pour des familles précaires, et/ou qui rencontrent des difficultés dans leurs parcours professionnels et/ou administratif. Un moment d’une grande douceur qui donne la sensation que parfois les choses vont dans le bon sens.
Deux pages de bande dessinée pour le journal IMAG un projet du CBAI( Centre bruxellois d’action interculturelle ).