Je dessine. Matin, midi et soir. Au début ça me réveillait la nuit, fallait trier encore certaines impressions, c’était trop fort, trop nouveau. Et puis je pensais au calendrier, trop court. Ca me retournait le bide.
Petit à petit je me suis même mise à avoir un "set up". Je me suis un peu équipée pour mieux voir, pour préserver mon dos, mon poignet... Et puis maintenant, j’ai ma petite routine.
Depuis quelques temps, je ne pense plus à grand chose, je n’ai plus trop de problèmes de sommeil, je tombe dans mon lit et en général je sombre après quelques pages d’un roman dont je ne comprends plus rien. Du lit au bureau, du bureau au lit. Je ne pense plus au calendrier, ça à l’air de rentrer et de toutes façons, je ne peux pas faire mieux, ni plus vite. Je m’autorise des pauses faites de photos de chiens que je rêve d’adopter, ou je m’installe dehors et scrute tous les verts tendres qui surgissent partout avec le soleil.
Il fait beau, je me dis que le prochain printemps je le passerai à glander dans le jardin, tout comme je me suis promise de passer le prochain hiver à glander devant le feu. #ahahah. Ce coup-ci, j’y crois un peu quand même. Car ce qui est fou, c’est que derrière ce livre que je suis en train de "terminer", je n’ai plus rien : Je n’ai plus aucune deadline. Je vais terminer ce livre, et après je pourrais véritablement passer des journées entières à ne rien faire, à ne penser à rien, ou à faire des siestes, trier mon bordel, ouvrir un livre n’importe lequel, ou aller marcher, n’importe où. Ça me fait rêver.
J’ai aussi une liste avec tout ce que je voudrais reprendre et démarrer après. Évidemment. Et ça aussi, ça me fait rêver.
J’ai un boulot à part ça, mais là aussi j’ai plein de projets, mais pas de gros stress en vue.
Je dessine, et ça me fait tellement de bien. Pourquoi j’ai attendu si longtemps ?! Je savais que la musique me régulait et me maintenait en forme, je me doutait que le dessin aussi, mais là, c’est vraiment palpable. Ça me stimule et me régule, le rêve. Même si je suis crevée, que j’ai mal au poignet et que j’ai l’impression que mes yeux vont sécher puis tomber, je me sens bien.
C’est fou parce que c’est bien la lutte côté santé.
La théorie d’un des thérapeute que je vois, c’est que le dessin comme la musique sont deux pratiques que j’ai mis en place naturellement pour gérer des neuroatypies dont j’ignorais qu’elles existaient, et à quel point elles me faisaient la vie dure, et que c’est sûrement ce que j’ai de mieux à faire encore aujourd’hui pour traverser l’existence sans péter un câble. Il a sûrement pas tort.
Je ne sais pas si ce livre sera réussi, comment il sera accueilli, j’en sais rien. Mais en tout cas, j’aurai vraiment aimé le faire. Il ne faut plus que j’arrête de dessiner.