Joanna Lorho

Mamie un jour je ferai un livre avec toi

Août 2012

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"Je plongeais dans l’eau et le rouleau passait par dessus brassant mes 30 kilos, les algues et le sable. Les vagues étaient si violentes parfois, et l’écume tellement dense que lorsqu’ elle se répandait à la surface de l’eau, elle faisait disparaître la lumière autour de moi. Du fond de l’eau, je croyais être sous la coque d’un bâteau. J’avais encore le temps d’imaginer ma grand mère m’ayant vu disparaître dans les rouleaux, clopinant au bord de l’eau les yeux humides prête à me crier dessus...Je refaisais surface penaude et regardais incrédule les alentours déserts et l’écume déchirée. Trop vite une nouvelle vague déferlait avant que je ne puisse reprendre mon souffle.
Au bout d’un moment, lessivée, je finissais par remonter la plage et trouvais ma grand mère et le chien endormis sous le parasol délavé."

Ca fait partie de ces fois où un souvenir jaillit tellement distinctement que je dois l’écrire et gribouiller un truc illisible, "pour plus tard".
Après ça je me suis dit "Mamie un jour je ferai un livre avec toi, ...et tout le reste".

On y est presque.
J’ai fait un premier découpage.
YEEAAAHH !

Je rappelle avec pas mal de bonheur une série de souvenirs pour faire mon découpage : ma grand mère, son chien, la "maison", le jardin, la plage, la pêche, le port, la voiture, la cuisine, et le pyjama en éponge à emmanchure raglan,...
Si je pouvais tout y mettre pour ne plus rien oublier...
En fait ça n’est pas elle, il manque plus de la moitié de ce qu’elle m’inspire...
De toutes façons, dans des planches on a ni les sons, ni les parfums et je ne pourrai jamais non plus décrire le contact avec la peau de ses joues ...
Et puis on se calme, ça restera une fiction quand même.
J’ai dit que je ferai un livre avec elle, pas un livre sur elle.

Les mauvaises habitudes

Juillet 2012

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Ah c’est bon le moment du "potentiellement"...
Mais là, il va falloir passer aux choses sérieuses.
C’est bien, c’est comme si je n’avais jamais tenu un crayon de ma vie.
En plus avec les habitudes, je pense pas mal les choses 1. en mouvement, 2. avec du son, ça tombe bien ce sera inerte et absolument silencieux...

le mariage

Juillet 2012

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Je dis que je me souviens de cet évènement avec certitude.
Mais quand j’essaie de déterminer de quoi est fait mon souvenir, je n’ai qu’un tableau en tête, une image floue, blanche avec des zones de couleurs, un point de vue sur le lieu mais qui n’arrive pas à se reconstituer, j’y suis, je suis là bas, mais je n’arrive pas à faire la mise au point.
Je me rappelle de quoi finalement ?
Je me rappelle de ce mariage.
Ou je me rappelle que je me rappelle de ce mariage ?
Depuis la donnée s’est peut-être altérée, effacée, je peux retrouver le chemin vers ce souvenir, mais il a disparu laissant à la place, une trace fantôme.
Une enveloppe vide.
Enfin presque. Une image floue, et deux mots : dragée et balançoire.

Aaaaaaahhhhhh !

Juillet 2012

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Dans le coton

Juillet 2012

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Cette nuit j’ai l’impression d’avoir refait toute une série de rêves...une sorte de compilation dense et impossible à raconter...
Manifestement ça n’avait fait "reset" au réveil.
Les premières heures de la journée, c’était le brouillard total, le petit déj, le trajet à pied, les premières discussions...tout était vraiment confus, avec irruptions de souvenirs de la nuit bizaremment familiers et semblant tout à fait connectés avec l’environnement réel.
...
Sans substance.
Se mettre au boulot dans ces conditions là, c’est un peu compliqué aussi.
C’est simple, je ne retrouvais pas comment faire pour faire comme d’habitude.
L’effet est assez tenace dirai-je encore en cette fin de journée.

On classera ça dans les journées inhabituellement confuses.

La piste 12

Juillet 2012

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C’était un gros malentendu, je disais "Mais si, le dernier morceau de l’album, le duo, celui qu’il chante avec une femme qui a une très belle voix avec un beau vibrato, elle est terrible " il disait "Non je ne vois pas, j’ai ce disque, il n’y a pas de duo à la fin !"
Je m’en suis remise à la personne qui m’avait prêté le disque - gravé - oui ça existe encore des gens qui gravent des disques - qui me dit "Ah non ce n’est pas le même artiste en effet, je ne sais plus du tout qui c’est, je l’ai mis après Arnaud Fleurent Didier, mais ce n’est pas lui".
Mais alors c’est qui ?
La femme, on dirait Barbara Carlotti, mais je ne retrouve pas la piste de ce morceau.
Allez, aidez-moi.

Disclamer

Entre la plage et la ville

Juillet 2012

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On travaillait nos comportements pour ne pas se faire repérer par l’ennemi, personne ne devaient savoir qu’on réouvraient quelques passages secrets, qu’on entreposait ça et là quelques vivres. Je me rend compte étonnée à quel point je suis capable de courir vite dans le sable. La trouille ?
Non, en fait j’ai rétréci, j’ai des jambes d’enfant.
Je suis une enfant.
La guerre va démarrer, là maintenant, où demain, je retrouve des gens qui vont combattre avec moi que je n’ai pas vu depuis des années, des gens qui étaient aux Beaux-Arts avec moi. On fait des blagues comme avant, c’est bizarre. On est logés dans des tentes de camping. J’ai un bippeur du futur mais je n’arrive pas à joindre S. Et lui pourquoi il ne donne aucun signe ?
Tiens je ne suis plus une enfant, tout devient pesant.
Quand on part en ville je me rend compte à quel point le conflit est imminent.
On dois partir tout les deux pour la Suisse où c’est la paix, mais quand je reviens, je vais devoir combattre. Lui, il est réformé.
Combien de temps va durer le conflit ?
Au balcons des maisons tout le monde à sorti son attirail, tous braqués les uns sur les autres c’est terrifiant.
Il y a des sangliers qui rôdent, pour l’instant inoffensifs, mais ils sont dressés et lorsque ça aura démarré on sait qu’il ne faudra pas les croiser, sur leurs yeux il y a comme des plaques de métal peintes en rouges et dorées.
Je suis tapie dans les herbes jaunes et sèches. On attend, qu’est-ce qu’on attend ?
Je me rend compte que je ne suis pas du tout prête pour ça, savoir que je vais mourir bientôt ça me révolte, mais je ne fais rien, je vais être dans les premières à sauter je le sais, je ne veux pas, je ne veux pas tuer quelqu’un, je voudrais joindre S. mais je n’y arrive pas, mourir maintenant, c’est pas le moment, et d’ailleurs qui sont les ennemis ? Pour quelles causes ?